Crémation : que peut-on faire des cendres après ?

En France, la loi interdit de conserver l’urne chez soi. On peut l’inhumer, la sceller sur une pierre tombale, la déposer dans un colombarium ou disperser les cendres... mais pas n’importe où.

Publié en
December
2023
Mis à jour en
January
2024
Par
Claire Saint-Géran
Outil
temps de lecture :
13 min
Sommaire
Crémation : que peut-on faire des cendres après ?
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© Javardh

Que faire des cendres après une crémation ? C’est l’une des questions les plus fréquemment posées. Dans les esprits, les réponses ne sont pas toujours très claires. La loi, elle, l’est. La conservation des cendres comme leur dispersion sont très encadrées. 

Pourquoi ne peut-on pas garder les cendres à domicile ?

Depuisla loi Sueur de 2008, il est interdit de conserver une urne chez soi afin d’éviter que celle-ci ne soit brisée, perdue ou oubliée dans un coin du grenier. « Et aussi pour que le deuil s’engage vraiment, précise Joris Sanson, responsable de l’accompagnement des familles chez les pompes funèbres inmemori, à Rennes. Conserver une urne chez soi peut être une façon de refuser de commencer le processus de séparation. » Mais il est toléré de la garder le temps d’organiser sa destination finale. Le crématorium peut aussi la conserver un an, ce qui laisse le temps aux familles de faire leur choix en toute sérénité. 

Peut-on partager les cendres avec ses proches ?

Non. La loi Sueur considère les cendres comme le corps du défunt, on ne peut donc pas les séparer. Cette loi vise à respecter l’intégrité de la personne disparue (et donc à éviter que ses cendres soient transformées en bijoux par exemple) mais aussi à neutraliser d’éventuelles querelles familiales (qui garde l’urne ? Comment y avoir accès pour s’y recueillir ?...) qui finissaient parfois devant les tribunaux.

Où peut-on inhumer une urne ?

Une urne peut être inhumée dans un caveau ou une cavurne (petit caveau spécialement conçu), ou en pleine terre dans un cimetière. Si le caveau familial est complet, l’urne peut être inhumée dans le vide sanitaire (l’espace entre le cercueil le plus haut et la dalle). Comme pour une inhumation classique, il faut recueillir l’autorisation des ayants droits.
Vous pouvez aussi demander à enterrer l’urne dans une propriété privée. « Cette demande est rare, constate Joris Sanson. Vous devez prouver que la propriété est située hors zone urbaine et obtenir l'accord du préfet. » Si le terrain ne vous appartient pas, il est nécessaire d’obtenir l’autorisation du propriétaire. Attention, l'inhumation dans un terrain privé crée une servitude : les proches doivent pouvoir accéder librement à la sépulture pour se recueillir. Si le terrain est vendu, la servitude s'impose au nouveau propriétaire.

Peut-on laisser l’urne à l’extérieur ?

Oui, à condition que celle-ci soit scellée sur un monument funéraire dans un cimetière (et donc pas sur une jolie dalle dans votre jardin). L’urne doit alors être fabriquée dans un matériau qui résiste aux intempéries, comme le granit. Là aussi, il faut disposer de l’autorisation des ayants droit.

Qu’est-ce qu’un colombarium ?

Situé dans le cimetière ou près du crématorium, le colombarium est un monument cinéraire collectif qui comporte plusieurs niches dans lesquelles on peut placer une ou plusieurs urnes. 

Qu’est-ce qu’un jardin de mémoire ?

Il y en a peu en France. C’est un jardin où des « arbres de mémoire » sont plantés et accueillent à leurs pieds l’urne, souvent biodégradable, du défunt. La mort renoue ainsi avec la vie. La famille peut venir se recueillir, se promener, déposer des cadeaux dans les branches ou au pied de « leur » arbre, comme au parc funéraire des Arbres de mémoire, à Beaucouzé, près d'Anger. 

Qu’est-ce qu’un jardin d’urnes ?

On l’appelle aussi jardin cinéraire. C’est un espace du cimetière qui accueille les cavurnes ou les tombes d’urnes en pleine terre. Ces tombes sont séparées les unes des autres, contrairement au colombarium. Souvent, le jardin d’urnes jouxte le jardin du souvenir.

Qu’est-ce qu’un jardin du souvenir ?

Situé le plus souvent sur la bordure d’un cimetière ou près d’un crématorium, c’est un espace où l’on peut disperser des cendres et déposer quelques fleurs. Depuis 2013, chaque commune d’au moins 2 000 habitants doit proposer un jardin du souvenir. « Son usage est gratuit mais soumis à autorisation », précise Joris Sanson. A la suite de la dispersion des cendres, une plaque comportant le nom, le prénom ainsi que la date de naissance et de décès du défunt peut être installée sur un mur, une stèle...

Où peut-on disperser les cendres en pleine nature ?

Symbole de liberté, c’est une alternative chère aux amoureux de la nature. La loi autorise la dispersion « en pleine nature », c’est à dire dans « un espace naturel non aménagé ». Il est donc interdit de les disperser à proximité d’habitations, dans un champ cultivé, un jardin public, ou encore une voie fluviale ou un cours d’eau considérés comme des voies publiques. 
Vous pouvez en revanche les disperser en forêt, en prairie, en montagne, en pleine mer… « En résumé, vous pouvez les disperser partout, hormis sur les lieux de passage, rappelle Joris Sanson : en forêt oui, mais pas sur le sentier ; en mer oui, mais pas sur le rivage… »
Quel que soit le lieu choisi, vous devez demander l’autorisation du propriétaire si c’est un lieu privé, et en informer la mairie de naissance du défunt en déclarant son nom, son prénom ainsi que la date et le lieu de la cérémonie de dispersion des cendres.

Que dit la loi sur l’immersion ou la dispersion des cendres en mer ?

La dispersion est autorisée à condition qu’elle soit réalisée à plus de 300 mètres des côtes (et de veiller à ne pas abandonner l’urne vide sur la plage – ça n’est pas dit dans la loi mais il est bon de le rappeler). Si vous souhaitez laisser les cendres dans l’urne, il faut la choisir submersible et biodégradable (en sable, en carton, en sel, en argile) et l’immerger à plus de 3 milles marins du littoral (5,5 kilomètres environ) pour éviter que les courants ne rejettent l’urne sur la côte avant sa dissolution. Si vous avez un bateau, vous pouvez réaliser vous-même la dispersion après déclaration à la mairie du lieu de naissance du défunt et auprès du maire de la commune de mouillage de départ du bateau. Sinon, vous pouvez recourir à des entreprises spécialisées (compter de 300 euros environ pour une dispersion à 400 euros pour une immersion – en plus du coût de l’urne, qui peut aller de 50 à 400 euros). Certaines stations de sauvetage de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) acceptent très souvent d’effectuer ce service.

Là aussi, les pompes funèbres inmemori peuvent vous accompagner. 

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